dimanche 18 septembre 2011

Végé-quoi ?

Il était impossible d’aller plus loin dans la culture australienne sans présenter le petit pot noir à étiquette jaune qui fait systématiquement apparition à la table du petit déjeuner australien.

Avant-gardistes ou conservateurs, sucrés ou salés, curieux ou réservés, le verdict sera unanime : la Vegemite, c’est beurk !
La Vegemite est une pâte à tartiner (et je sais que lorsque j’écris cela tout le monde pense Nutella, mais rien ne saurait être plus éloigné de la réalité) à base d’extrait de levure de bière. Elle possède son équivalent en Angleterre sous le nom de Marmite, et est très répandue en Nouvelle-Zélande et en afrique du Sud. Apparemment, les suisses possèdent une potion magique du même ressort appelée Cenovis. 60 000 pots de Vegemite sont vendus chaque JOUR en Australie.

Le breaky (ptit dej) australien par excellence se compose d’un toast beurré et d’une noix de Vegemite. Une alternative est de remplacer le beurre par du cream cheese, fromage à tartiner. Ca a l’air appétissant, mais rien qu’à l’odeur, ça l’est moins. Et au goût, c’est salé, salé, un peu amer, et salé ! Je ne vois pas d’équivalent plus proche que de manger un cube de bouillon Knorr, et là je fais preuve d’une grande imagination parce qu’en fait, je n’ai jamais mangé de cube de bouillon Knorr.
Créée en 1923, et commercialisée par Kraft, la Végémite a été vantée pour ses vertus médicinales sur les enfants, notamment sa richesse en Vitamines B. Elle faisait partie des rations alimentaires envoyées aux soldats pendant la seconde guerre mondiale et, une fois encore, fait partie de l’identité australienne. A l’époque de la guerre, le slogan publicitaire principale, n’ayons pas peur des mots, était « la Végémite se bat dans le nord aux côtés de nos hommes ».   
Intrépides, à vos toasts ! Mais je vous ai prévenus !


dimanche 11 septembre 2011

Mais qu'est-ce qu'ils ont ces australiens avec leur sport ?

Fraîchement (ceci est une image) débarquée de France depuis deux jours, je lutte à armes inégales contre le décalage horaire. 5 heures du matin à Sydney, 21 heures en France, je suis éveillée depuis 1 heure, absolument pas sur le point de me rendormir. J’hésite à aller fumer une cigarette. Au bout de quelques instants j’entends des pas dans le couloir. Chouette ! Quelqu’un d’autre est insomniaque dans la maison ! J’ouvre la porte et me retrouve nez à nez avec notre logeuse, 66 ans. Il est 5h45 du matin.
Vanessa : tu n’arrives pas à dormir non plus ?
La logeuse : au non, non, pas du tout, je vais à la piscine…
Au moins, la simple pensée d’aller à la piscine à 5h45 du matin aura eu pour effet immédiat de me précipiter dans les bras de Morphée en 5 minutes.  Mais qu’est-ce qu’ils ont ces australiens avec leur sport ???? Je veux bien : le climat est idéal pour le sport en extérieur, les australiens sont aussi hyper sensibilisés à la nécessité de faire de l’exercice pour rester en bonne santé. En revenant de la piscine, ma logeuse nous raconte que la salle de gym était bondée. A 6 heures. Un samedi  matin.

C’est un fait : une proportion gigantesque de la population australienne passe une grande partie de sa vie à courir, nager, sauter, souffler, suer. J’aime y voir une traduction d’un culte du corps exagérée, le désir de posséder le corps parfait, particulièrement à Sydney, mais il y a bien plus que cela derrière. Jeune, vieux, ruraux ou urbains, les australiens adorent le sport, le pratiquent de façon intensive et le regardent de façon tout aussi intensive. Ceci explique la surreprésentation de l’Australie au palmarès des compétitions sportives.  Aux Jeux Olympiques d’été en 2008, l’Australie (qui compte seulement 22 millions d’habitants) a remporté 17 médailles d’or, la plaçant derrière les Etats-Unis (340 millions d’habitants), la Chine (1.3 milliard) et la Russie (140 millions).

L’Australie dispose même depuis 1861 son propre football, le football australien, ou Aussie Rules, ou footy. En fonction de l’Etat dans lequel on se trouve, le footy, le rugby, le cricket déclenchent de véritables phénomènes de masse. Ainsi Melbourne vit au rythme du footy et lorsque la saison commence, une véritable frénésie s’empare de la ville. Certains jours sont même fériés en fonction des matches !
Personne ne m’ôtera de la tête que le footy est un sport de brutes, mais chacun devrait se forger sa propre opinion. Pour une introduction fracassante et pleine de testostérone, voici un film promo réalisé par la Ligue Australienne de Football.

Pour certains, cette obsession à aller courir sur un tapis de course à six heures du matin tient du fait qu’à Sydney, les gens sont des « over achievers », ils accordent une grande importance à leur carrière, sont ambitieux et font de longues heures au travail. Aller courir ou nager avant le travail leur permet d’évacuer le stress permanent auquel ils sont soumis au travail. Pour d’autres, le climat et le fait que les gens passent leur temps à l’extérieur expliquent l’omniprésence du sport dans le pays. Enfin, pour d’autres, l’immigration des classes moyennes irlandaises a favorisé le développement de certains sports comme le rugby ou le footy en réponse aux sports pratiqués par les protestants comme le cricket.

Il y a indiscutablement un peu de tout ça. Si l’on demande à un australien, de but en blanc, pourquoi le sport occupe une place si importante dans le pays, sa réponse sera sans doute : « parce qu’on est comme ça », « parce que c’est notre culture ». Et c’est là que réside pour moi une des raisons principales de cet engouement pour le sport : il est vu et utilisé comme outil créant du lien, comme unissant la nation australienne.
Selon le ministère australien des affaires étrangères, 6.5 millions d’australiens sont licenciés. Cela représente à peu près 31 % de la population. En France, cette proportion est de 14.5%. En 2008, le budget australien dédié au sport était de 250 millions de dollars australiens (195 millions d’euros). Pour le gouvernement australien, le sport est clairement un moyen de créer ou renforcer le lien communautaire, l’esprit d’unité. Par exemple, dans les territoires aborigènes, des programmes spéciaux sont mis en place pour aller enseigner le football australien et les aider à organiser des équipes. De façon évidente,  au-delà du recrutement de nouveaux talents, le sport a pour objectif de canaliser la violence et les rivalités entre groupes, créant un sentiment d’appartenance à une communauté autour d’un sport explicitement étiqueté « australien ».
Les australiens adorent les histoires de sportifs ayant triomphé des difficultés de la vie pour accomplir les plus grands exploits. Des personnalités comme Caleb Evans, Ian Thorpe et Cathy Freeman sont élevés au rang de héros nationaux et deviennent des références pour tous les australiens.

Exagérée, surprenante, agaçante ou contagieuse, la passion des australiens pour le sport est un outil de renforcement de l’unité nationale et d’expression d’un fort patriotisme. Ce qui signifie également outil d’intégration pour les petits expatriés français. Je termine ce post et j’enfile mes baskets !