mercredi 3 octobre 2012

Le Sydney Fringe Festival


Une des caractéristiques de la vie culturelle à Sydney, c’est la vitalité créative de la ville et la diversité des œuvres sur le devant de la scène. C’est un fait : il y a toujours quelque chose à faire et à voir. L’offre « conventionnelle » est infinie : expositions et rétrospectives dignes de Paris, Londres ou Berlin, productions monumentales des plus grands opéras, festivals au line-up digne du Werchter ou du Sziget. A cela il faut ajouter la place donnée aux arts asiatiques, dans des galeries splendides comme la White rabbit Gallery.
Mais à côté de cela, il existe un  monde de créations et d’endroits totalement différents, déclassés, beaucoup moins promus, mais dont le registre participe pleinement à l’identité de la ville. Du burlesque au provocant en passant par le micro-budget ou tout simplement des productions un peu plus grungy que d’ordinaire, un univers entier grouille, s’épanouit et bouillonne en marge de la scène culturelle plus généraliste. C’est, littéralement, la vocation du Sydney Fringe Festival (Festival Marginal de Sydney) que de mettre les « moutons noirs » sur le devant de la scène.

De la bouche même de ses créateurs, « dose annuelle de haut concentré de brillance artistique, avec une touche de « risqué » » ; le festival existe depuis trois ans. Cette année, il propose 250 spectacles (oui, 250 en trois semaines !) dans 75 endroits quasi-inconnus du grand public, insoupçonnés, sous-estimés, abandonnés.  Les seules consignes sont : nouveauté, nouveauté et NOUVEAUTE ! Et le tout pour un prix archi-abordable, une bouffée d’oxygène pour le porte-feuille qui tremble encore face aux 280 dollars d’une place à l’Opéra…

Ce festival, c’est aussi une occasion pour toute une partie de la ville de briller et de revendiquer son identité. Face à l’Opéra House et aux Musées du Centre Ville, et à la culture hip et carte postale des plages de l’Est de la ville, l’Ouest (Inner West) de Sydney est la véritable star du Festival. Décalé, bohême, jeune et traditionnellement plus modeste et métissé, l’Inner West revendique haut et fort, et avec un succès total, son identité alternative et artistique. Newtown, Camperdown, Marrickville et Leichhardt volent la vedette à Bondi et Kings Cross pour trois semaines, et c’est une ville totalement nouvelle qui se dévoile !

Testé ce week end : Ride de Jane Bodie. Deux inconnus se réveillent dans le même lit sans aucun souvenir de la veille. Ils n’étaient pas avec les mêmes personnes, pas même au même endroit. La scène les présente essayant de reconstituer les événements de la soirée, dévoilant certains côtés de leur histoire personnelle. Trente personnes maximum, une couverture pour chacun et Bring Your Own (le théâtre n’ayant pas de licence pour vendre de l’alcool, chacun est libre d’amener ses propres consommations), éclairage minimaliste dans un hangar désaffecté et proximité unique avec les comédiens, l’endroit est une expérience en soi. On vit la scène avec les deux comédiens. Une expérience théâtrale géniale !