Une des
caractéristiques de la vie culturelle à Sydney, c’est la vitalité créative de
la ville et la diversité des œuvres sur le devant de la scène. C’est un
fait : il y a toujours quelque chose à faire et à voir.
L’offre « conventionnelle » est infinie : expositions et
rétrospectives dignes de Paris, Londres ou Berlin, productions monumentales des
plus grands opéras, festivals au line-up digne du Werchter ou du Sziget. A cela
il faut ajouter la place donnée aux arts asiatiques, dans des galeries splendides
comme la White rabbit Gallery.
Mais à côté de
cela, il existe un monde de créations et
d’endroits totalement différents, déclassés, beaucoup moins promus, mais dont
le registre participe pleinement à l’identité de la ville. Du burlesque au
provocant en passant par le micro-budget ou tout simplement des productions un
peu plus grungy que d’ordinaire, un univers entier grouille, s’épanouit et
bouillonne en marge de la scène culturelle plus généraliste. C’est,
littéralement, la vocation du Sydney Fringe Festival (Festival Marginal de
Sydney) que de mettre les « moutons noirs » sur le devant de la
scène.
De la bouche même
de ses créateurs, « dose annuelle de haut concentré de brillance
artistique, avec une touche de « risqué » » ; le festival
existe depuis trois ans. Cette année, il propose 250 spectacles (oui, 250 en
trois semaines !) dans 75 endroits quasi-inconnus du grand public,
insoupçonnés, sous-estimés, abandonnés.
Les seules consignes sont : nouveauté, nouveauté et
NOUVEAUTE ! Et le tout pour un prix archi-abordable, une bouffée d’oxygène
pour le porte-feuille qui tremble encore face aux 280 dollars d’une place à
l’Opéra…
Ce festival,
c’est aussi une occasion pour toute une partie de la ville de briller et de
revendiquer son identité. Face à l’Opéra House et aux Musées du Centre
Ville, et à la culture hip et carte postale des plages de l’Est de la ville,
l’Ouest (Inner West) de Sydney est la véritable star du Festival. Décalé,
bohême, jeune et traditionnellement plus modeste et métissé, l’Inner West revendique
haut et fort, et avec un succès total, son identité alternative et artistique.
Newtown, Camperdown, Marrickville et Leichhardt volent la vedette à Bondi et
Kings Cross pour trois semaines, et c’est une ville totalement nouvelle qui se
dévoile !
Testé ce week
end : Ride de Jane Bodie. Deux inconnus se réveillent dans le même lit
sans aucun souvenir de la veille. Ils n’étaient pas avec les mêmes personnes,
pas même au même endroit. La scène les présente essayant de reconstituer les
événements de la soirée, dévoilant certains côtés de leur histoire personnelle.
Trente personnes maximum, une couverture pour chacun et Bring Your Own (le théâtre
n’ayant pas de licence pour vendre de l’alcool, chacun est libre d’amener ses
propres consommations), éclairage minimaliste dans un hangar désaffecté et
proximité unique avec les comédiens, l’endroit est une expérience en soi. On
vit la scène avec les deux comédiens. Une expérience théâtrale géniale !